Letteratura molisana francese
La narration et la poésie molisane du dix-neuvième siècle, malgré la période favorable enregistrée dans le domaine de la glottologie et de la philologie grâce à Francesco D’Ovidio et dans celui des traditions populaires par le travail inlassable de Melillo, manquent le rendez-vous avec la grande littérature nationale et étrangère de l'époque, se traduisant - à quelques exceptions près - en de simples tentatives d'imitation. J'oserais dire que le seul grand roman du dix-neuvième siècle molisane - bien qu'il ressente la structure du dix-huitième siècle - est "Platone in Italia" de Vincenzo Cuoco. Il manquait une voix originale, un timbre et un ton capables de faire émerger l'identité molisane dans la littérature. Par conséquent, Luigi Russo parlait à juste titre d'absence, de "lacune", de vide de la littérature dans le panorama de la culture molisane du dix-neuvième siècle : une lacune que, en partie et avec de nouveaux accents, Lina Pietravalle d'abord, puis le "postéro" Francesco Iovine pensaient combler. Lina Pietravalle, nouvelliste molisane par antonomase - ce titre lui fut attribué lors du prix Viareggio en 1932 - est en effet celle à qui le Molise doit son entrée dans la littérature italienne. L'auteure réalisait pour sa terre, le Molise, ce que Grazia Deledda faisait pour la Sardaigne et Matilde Serao pour Naples.
C'est à Jovine que nous devons, surtout avec le roman Signora Ava (notre Guépard, qui parle des "cavés et écrit du côté des cavés, Fofi") qui constitue une vaste fresque de la société molisane au moment de la chute du Royaume bourbonien, la récupération de cet art vériste (et autre encore) qui manquait à la littérature molisane du dix-neuvième siècle, imprégnée comme elle l'était d'un art manzonien de seconde main, celui dérivé de l'influence des épigones de Manzoni, tels que Prati et Aleardi, pour être clair.
Je ne pense pas que Luigi Russo ait fourni une explication plausible de ce qui s'est passé. Nous croyons, dans les limites d'une vision extempore et immédiate - qui nécessite un approfondissement dû - que l'intellectuel molisane (expression d'une société petite-bourgeoise, - apparue, parfois de manière presque servile, depuis peu aux portes de l'histoire - avide, égoïste et rigide, du moins dans les intentions et l'extériorité des comportements), enveloppé comme il l'était dans la tradition vétéro-illuministe risorgimentale, sensible aux influences des sciences néo-positivistes, montrait plus d'intérêt pour le domaine historico-juridico-administratif que pour celui des belles-lettres qui semblaient promettre des évasions et des fantaisies, mais peu de perspectives de concrétude.
Par ailleurs, l'instruction (dans les séminaires et les rares écoles locales, à travers des pédagogues, nostalgiquement attachés à un passé, bien que glorieux d'idéaux, néanmoins révolu et inadmissible) était dispensée presque exclusivement sur des textes du seizième et du dix-septième siècle et ne favorisait certainement pas la pratique de la nouveauté, dans un territoire où la circulation des idées, et en particulier celles dignes de transgression et libératrices, se révélait de toute façon difficile, malgré la prolifération de journaux locaux. Pour conclure, nous rapportons un jugement de Francesco Iovine qui nous rappelle que les bibliothèques des gentilshommes "s'arrêtent net au début de l'unité nationale".